La saga Leroy (Merlin) et l'US Noeux

leroy merlin logoPendant plus d'un demi-siècle, la famille Leroy, fondatrice des magasins Leroy-Merlin, a été liée à l'US Noeux et a permis l'essor du football noeuxois. Retour sur cette histoire familiale.
 
 
 
Fuyant les bombardements et l’invasion allemande en 1914, un épicier, Adolphe Leroy père, sa femme Catherine et leur fils Adolphe fils, quittent Billy-Berclau et viennent s’installer à Noeux-les-Mines.

La guerre finie, la famille reste à Noeux. Après le départ des soldats américains, l’épicier rachète leur stock de matériel (pelles, pioches, tentes) qui revend en déambulant dans les rues avec une charrette et un cheval.
En 1921, un premier magasin, appelé « Stock Américain » est ouvert à Nœux-les-Mines, au 79 rue de la gare.
 
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Pendant ce temps-là, le Adolphe fils fait son service militaire où il taquine le ballon rond.

En 1923, Adolphe fils reprend l’activité commerciale. En 1924, il épouse à Bruay-en-Artois (Bruay-La-Buissière) Rose Merlin, elle-même fille de commerçants, originaire d’Auchy-les-La Bassée (Auchy-les-Mines). De cette union naîtront 2 garçons : Lionel en 1930 et Bernard en 1935.
 
Leroy merlin adolphe rose

Le commerce prend la dénomination « Au Stock Américain – Entreprise Leroy-Merlin ».

Avec la reconstruction des logements détruits pendant la guerre, la demande en matériaux et mobilier augmente. Le couple profite de l’occasion et vend des meubles et des matériaux au détail, issus des baraquements de l’armée américaine désassemblés. C’est l’invention du concept du magasin de bricolage.
 
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En 1929, c’est le crack boursier. L’entrepreneur rachète les stocks d’invendus des entreprises en faillite et les revendus à bas prix. Malgré la crise, l’entreprise prospère et embauche.

Passionné de sport Adolphe Leroy s’implique dans la vie locale et se lance dans le mécénat. Il fonde, préside ou finance plusieurs associations nœuxoises, l’union cycliste, le club colombophile ou encore l’USNM.
« Au Stock Américain » propose des chalets préfabriqués comme résidences secondaires au bord de mer. L’arrivée des congés payés en 1936 favorisera cette activité.
 
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La seconde Guerre Mondiale met en sommeil le commerce.

À la fin du conflit, l’activité commerciale reprend et comme après la Première Guerre Mondiale, du matériel est récupéré ou racheté à l’armée américaine pour être ensuite revendu. Il faut rebâtir ce qui a été détruit par les bombardements. Les besoins en matériaux de construction et en outillage relancent l’activité du bricolage.
Entre 1952 et 1959, de nouvelles enseignes s'ouvrent à Merlimont, Longueau et Bruay-en-Artois. Leroy Merlin possède aussi des dépôts à Merlimont et Labuissière.
 
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À la fin des années 1950, Lionel et Bernard Leroy, les deux fils d’Adolphe et Rose, prennent les commandes de l'entreprise, tandis que leurs parents se retirent à Merlimont sur la Côte d'Opale.

En 1960, l'enseigne « Au Stock américain » devient « Leroy Merlin ». Comme son père auparavant, Bernard Leroy se lance dans le partenariat sportif et sponsorise l’US Noeux avant d’entrer dans le comité directeur. En 1965, les Houillères annoncent la fermeture des grands bureaux de la fosse n°1 de la Compagnie des Mines de Nœux-les-Mines. À l’étroit dans leur établissement de la rue de la gare, Bernard et Lionel sautent sur l’occasion pour transformer la friche en magasin avec bureaux et parking. Le premier magasin français de quincaillerie-bricolage en libre-service est inauguré en juin 1966 à Nœux-les-Mines par le Secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire Olivier Guichard, accompagné de Pierre Mauroy. C’est le premier exemple de reconversion du patrimoine industriel.
 
leroy merlin magasin
 
En 1972, Bernard Leroy succède à Jean Calmels à la présidence de l’US Noeux. C’est aussi la récession des Houillères du Nord-PdeC qui se désengagent des clubs sportifs, professionnels comme le RC Lens, mais aussi amateur comme l’USN. C'est également le début d'une nouvelle crise économique qui voit la fin des 30 glorieuses. C’est l’apparition des panneaux publicitaires qui viennent fleurir autour des terrains et des sponsors sur les maillots.
 
Leroy pere et fils
Leroy-Merlin s’est développé, les magasins sont ouverts bien au-delà des frontières du Nord-Pas-de-Calais et de la Somme. Pendant ce temps-là, l’US Noeux devient Champion de France de 3ème division et accède en 2ème Division. Dans l’antichambre de l’Elite, se côtoient des clubs professionnels mais beaucoup sont amateurs ou semi-professionnels. À Noeux, une partie des joueurs travaillent chez Leroy-Merlin avec des horaires aménagés pour s’entraîner la semaine et jouer le weekend.

En avril 1978, Adolphe Leroy (fils) décède à Merlimont à 77 ans.

Des nouvelles enseignes de bricolage ont vu le jour (Castorama en 1969, Bricorama en 1975), d’autres arrivent (Bricoman et Bricomarché en 1979, Monsieur Bricolage en 1980). Malgré des magasins partout en France, Leroy-Merlin est concurrencé et ouvre son capital à la famille MULLIEZ (qui a fondé les magasins AUCHAN) à hauteur de 50%. Après de nombreuses divergences, Bernard et Lionel LEROY cèdent leurs parts en 1981. Le groupe MULLIEZ prend le contrôle total de l'enseigne qui compte alors 33 magasins en France.

En octobre 1981, Bernard Leroy meurt dans un accident de voiture à 46 ans (*). L'US Noeux est orpheline de son président.

En ce début des années 80, la Fédération Française de Football veut professionnaliser complètement la 2ème division. Sans son président-mécène et malgré un accord de principe entre le club, la municipalité et le Groupe AUCHAN, l’US Noeux n’aura pas les finances nécessaires pour se professionnaliser. Le club renoncera au projet à la fin de la saison 1982-1983 et descendra en 3ème division malgré une 10ème au classement.
 
Rose MERLIN meurt en 1990 à 92 ans. Lionel LEROY décède en 2003 à 73 ans.
 
Leroy Merlin 2008
 
L'historique magasin Leroy-Merlin de Noeux-les-Mines ferme ses portes en 2008 au profit de l'ouverture d'un magasin plus grand et plus moderne dans la commune voisine de Verquin.
 
(*) Selon la version officielle, le décès de Bernard Leroy, survenu à Capelle-les-Hesdin, est un accident de la route. Selon une autre version, Bernard Leroy se serait donné la mort, lors d'une partie de chasse, avec son fusil. 
 
 
 
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